Avant la Commune, une fake-news…

En ce moment, nous fêtons les 150 ans de la Commune. La #Commune s’est déclenchée fasse à un geste de soumission de Thiers dans la guerre contre la Prusse.

Mais saviez-vous que cette guerre, qui a eu aussi pas mal de répercussions sur le 20e siècle a pour détonateur une… #FakeNews?

En 1870, le prince allemand Hollenzollern peut prétendre au trône d’Espagne. Mais être potentiellement pris en tenaille entre l’Est et le Sud-Ouest n’est pas trop du goût du gouvernement de Napoléon III. Qui demande poliment mais fermement le retrait de la candidature.

Demande formulée au roi de Prusse. Demande acceptée.Mais qui ne fait pas le jeu de Bismarck, le chancelier prussien. Qui se verrait bien aller dégommer du français. Mais qui doit, aussi, pour gagner, s’assurer que les états allemands soient unis dans ce but…

Les français en rajoutent une couche en demandant que PLUS JAMAIS il n’y aurait de candidature allemande au trône d’Espagne. Ils envoient leur ambassadeur à la ville thermale de Ems, où le roi de Prusse séjourne tel un biscuit dans une tasse de schnaps.

Et, en gros, il ne se passe pas grand chose.

Le roi dit que faire une telle déclaration absolue, pour l’éternité, forever, c’est pas trop possible. Et que c’est pas poli de déranger les gens dans leur bain.

En gros.

Un message est envoyé à Bismarck qui relate les événements. Assez neutre, avec des passages apaisants. Bref, on l’informe.

Oui mais voilà… Bismarck est furax. #BismarckDémission. En recevant le télégramme, il consulte des généraux. Ils se sentent bien de gagner la guerre. Et Bismarck sait aussi qu’une part de la presse française, pas fute-fute, est pro-guerre. #OnVaGagnay

Il rédige donc une dépêche “condensée”. Vous la voyez venir la fake-news? #Omission #Distorsion #Généralisation.

Le condensé élude les passages apaisants (#Omission), prend un ton cassant (#Distorsion) et, en somme, présente la rencontre ambassadeur-roi comme une cinglante et absolue porte au nez. (#Généralisation).

C’est la Dépêche d’Ems

Et Bismarck à travers l’Agence de presse Continentale, financée par Von Bleichröder, un ami banquier, télégraphie à l’agence Havas (Déjà elle!) une dépêche qui reprend les mots du télégramme qu’il enverra le lendemain aux ambassadeurs de…partout.

Havas publie.

Et rajoute, en 2e paragraphe des informations essentielles, allant dans le sens de la paix. Mais l’ordonnancement des paragraphes, fait passer ces infos pour mineures au regard du camouflet Bismarckien.#HierarchieDesInformations.

Cerise sur le gâteau de caca, un terme de la dépêche est mal traduit. #Distorsion. Laissant penser que l’ambassadeur a, en plus été protocolairement mal reçu. “Adjutant” ayant été traduit par “adjudant (#SousFifre) plutôt que par “Aide de camp du Roi” (#Honneur.)

La courtoise conversation dans le parc thermal de Ems se retrouve, dans la presse, présentée en incident diplomatique grave.#FakeNews.

Conséquence : Emois, manif nationalistes et crédits de guerre au parlement.

Bismarck peut prendre l’avantageuse posture de l’agressé, fédérant et mobilisant largement. La Prusse arrive en position de force contre une France qui n’a, objectivement, pas les moyens d’une guerre, engagée qu’elle est dans ses outre-mers…

Le 12 juillet 1870, Hollenzollern retire sa candidature pour éviter la guerre.

Le 15 juillet 1870, la France vote les crédits de guerre.

En moins d’une semaine, alors que des faits allaient dans le sens de la Paix, la désinformation a renversé l’opinion publique, balayé la raison et changé l’Histoire…

(Cette anecdote, qui est une gros sac de noeuds, en fait, a été détaillée par Jean Stengers dans son article « Aux origines de la guerre de 1870 : gouvernement et opinion publique. » dans la Revue belge de philologie et d’histoire. )

Laisser un commentaire