Le Monde titrait récemment que la collectes des dons d’argent patinait en France. On appréciera le fait que “patiner” désigne une augmentation de 1% l’an dernier! Certes loin des +5,6% et +8% de 2011 et 2010 mais loin de la stagnation… Gageons que le jour où on aura trouvé le moyen dire que la France à une croissance de 1%, le mot “patiner” ne sera pas le premier choisi… (On appréciera aussi l’expression “Marché de la collecte des dons”. La collecte des dons est donc un marché. Instructif…)
La cause au patinage artistique de la collecte des dons est attribué à l’augmentation de la “pression fiscale” (Je viens de me rendre compte de l’existence de cette jolie expression…Pression fiscale…”Mettre la pression”…”Faire pression”… Un joli repoussoir… Comme si l’état, tel un lobby suprême, pouvait faire pression sur le citoyen… pour le faire craquer? Pression fiscale–>Direction la catégorie des hyperboles.)
Mais parlons un brin du “softpower” (Catégorie? Anglicisme, of course.), traduction qui fait rêver “le pouvoir doux” (Catégorie? Oxymore, selon moi.), j’ai découvert le mot dans un autre article du Monde, daté, c’est délicieux, du même jour que l’autre… On y lit en titre : Philippines : les catastrophes naturelles, “arme” de la diplomatie japonaise. Guillemets comprises. Oui, dans le Monde, quand on parle ouvertement, on commence par ouvrir des guillemets.
Le Japon a donc, après le récent typhon Hayan, envoyé des tombereaux de militaires, avions et bateaux pour aider les Philippins qui en ont bien besoin. D’ailleurs “Face à l’étendue du drame philippin, plusieurs pays se pressent pour aider Manille.”
Que voulez-vous, quand on est tous aussi gentils que nos gentils états riches, on ne peut que aider, voilà, c’est tout. Mais le Monde est un peu grincheux est fait précéder cette phrase d’un sur-titre sans guillemet mais très intéressant “BATAILLE D’INFLUENCE” Et oui… Tokyo appelle cela la “diplomatie des catastrophes” et, comme le dit le New york Times “Le typhon est en train de devenir une vitrine pour l’affirmation du soft-power en Asie.” Le soft-power , c’est-à-dire, si on comprend bien, la capacité d’influencer les acteurs étatiques par des moyens non-coercitifs… “Attendez mademoiselle, je vais ramasser ce mouchoir qui s’est ainsi échappé de votre corsage blanc”…
En fait, il s’agit d’aider l’autre en sachant bien qu’il nous le rendra. Pas en argent, il n’en a pas, mais plutôt en bon service et autres soutiens dans les dîners en vaisselle de porcelaine. Genre, quand on est le Japon, dans un possible conflit territoriale avec la Chine qui revendique elle aussi (la vilaine), les îles Senkaku et les territoires marins associés… D’ailleurs ce petit pays indigent qu’est la Chine a fait un don tout rikiki aux Philipines… On s’est bien compris…
Dans ce contexte d’utilisation des deniers publics et des dons individuels avec un sous-texte, un contexte où l’aide signifie “Vous nous le rendrez bien, n’est-ce pas mon brave?”au pouvoir en place, je ne suis plus tellement étonné que des humanitaires se fassent enlever ça et là. Et je ne suis pas non plus étonné que les dons chaussent des patins… Parce que, s’il servent, grosso modo, à corrompre des gouvernements en leur suggérant une politique extérieure, les dons risqueraient bien de rayer le parquet… Alors plutot que de parler de la pression fiscale, si on parlait des, vraies cette fois, pressions humanitaires…?