Le COVID par Macron, comme un goût d’après 11 septembre par Bush.

Un parallèle un peu trop troublant, une plongée dans une stratégie du choc…

Si vous ne la connaissez pas -ou si vous avez la flemme de lire un thread- je vous suggère, au minimum, un rattrapage sur la Stratégie du Choc.

Macron comme Bush arrivent sur des terrains ravagés par des décennies de libéralisations.

Début 2020, l’hôpital public français est exsangue.

Alors que sous Bush, c’est l’aviation civile qui a été dérégulée. Entre autres.

Des précaires sous-payés assurent alors la plupart des tâches de sécurité dans les aéroports. Qualité en conséquence : Médiocre. Dans le rapport final de la commission d’enquête, on peut lire que le comportement des compagnies aériennes consistait à « dénigrer, nier, retarder. »

En France, les alertes, mobilisations et grèves à répétition indiquent le même genre d’urgences.

Pour le gouvernement, c’est un problème d’organisation, les hôpitaux peuvent mieux faire, il n’y a pas d’argent magique.

Dénigrer, nier, retarder.

Survient une crise qui attire le regard de l’opinion publique et change radicalement son point de vue.

Le 11 septembre plus de 400 fonctionnaires meurent dans les opérations de secours

En 2020, des dizaines de soignants meurent de ce qu’il combattent.

La réaction immédiate est l’héroïsation.

Lors de son moment mégaphone (« bullhorn moment ») à Ground zéro, Georges Bush rend hommage aux fonctionnaires syndiqués (!)

En France, les hospitaliers deviennent « Nos soignants. » et des « héros en blouse blanche » dès la première allocution présidentielle, avant même le confinement.

Des occasions peu chères d’être en phase émotionnellement avec la population…

Dans les mois suivants, Bush fait la tournée des services publics. « Nous avons découvert de nouveaux héros. » dit-il au sujet des secouristes, des enseignants, des employés de poste, de santé.

Les américains VEULENT du service public.

A chaque allocution, il annonce la création d’un ambitieux programme public.

Moins de 15 jours après le début du confinement, Macron annonce un plan massif d’investissement et de revalorisation” pour l’hôpital.

Certains observateurs disent que Bush est passé de l’idéologie de Reagan à celle de Roosevelt. (J. Harris et D. Milbank dans le Washington Post), lui prêtant des intentions keynésiennes pour répondre à l’ajout de la contrainte terroriste à celle du déclin économique.

Haha.

Non.

Pendant des années des centaines de milliard vont tomber sur les entreprises, souvent sans appel d’offre, dans les domaines des technologies, medias, communication, génie, éducation, santé.

Ou du carcéral.

(Vous commencez à voir la place de Ciotti et de sa proposition de « Guantánamo à la Française « ? » Ou celles des lois sécuritaires en cours d’élaboration à 4e vitesse ?)

Pas keynésien non plus, le plan estival de 100Mds de Macron :

Cette stratégie que nous allons lancer, ça n’est pas une stratégie pour faire face aux difficultés du moment, ça nous l’avons déjà fait et nous allons continuer (…), non c’est préparer la France de 2030

Mais dans sa stratégie, l’administration Bush n’a pas vendu les services publics existants. Non, elle a fait beaucoup plus fin…

Bush a déployé le concept de « guerre contre le terrorisme. ».

Guerre qu’il conçoit comme devant être privée.

Vous la situez la rhétorique macronienne de la guerre contre le virus?

#PremièreLigne

Contre le terrorisme ou contre un virus respiratoire sans vaccin, ce sont des guerres ingagnables.

Puisque ce ne sont pas des guerres…

Mais la rhétorique de guerre permet de faire passer des actions démocratiquement injustifiables.

Dans les mois qui ont suivi le 11 sept, il y a eu une séquence que l’historien militaire Andrew Bacevich nomma « putsch à répétition. ». Des prises de pouvoir de l’exécutif dans les domaines de la sécurité, de la détention et j’en passe.

En France, nous en sommes là.

Un Conseil de défense gouverne désormais à huis-clos.

Peu importe votre avis sur JLM, cette tribune est importante à lire :

Par ailleurs, la #LoiAvia, qui promeut la censure et la délègue, sans juge, aux tenanciers des réseaux sociaux est de retour. Opportunément, le lendemain d’un attentat… #LoiAvia2

Et l’état d’#UrgenceSanitaire vient d’être rejeté, puis re-soumis au vote puis re-rejeté puis re-re-soumis au vote. Ça apprendra aux députés à mal voter.

Pendant ce temps, la ministre Agnès Panier-Runacher fait pression directement sur les députés pour qu’ils ne fassent pas le nécessaire pour qu’une « loi » (ou plutot fourre-tout) au contenu très nauséabond soient considérée comme anti-constitutionnelle. #LoiASAP

Et que dire de la loi dite de «sécurité globale »

Interdiction de documenter les actions de police d’un côté, arrivée des drŝnes de surveillance en manif, promotion de la confrontation, pour le dire vite.

 #LoiAvia2 #LoiASAP #LoiEtatUrgenceSanitaire #LoiSécuritéGlobale.

Tout ça en moins d’un mois.

Dans le parallèle, Bush-Macron, on en est à la phase du Putch à répétition.

Mais continuons à suivre Bush pour comprendre comment pourrait se passer cette préparation macronienne à 2030…

Bush n’a pas seulement vendu les services existants.

Aujourd’hui, on dirait qu’il a « créé un écosystème ».

Il y avait eu la bulle internet.

Voilà venu ce que Naomi Klein appela le capitalisme du désastre.

Le pivot était qu’on n’agit plus pour l’économie mais pour la sécurité. Argument massue. Dans ces conditions « exceptionnelles », de désastre, pour la sécurité, le gouvernement peut, lui, s’endetter et mener sa politique sans passer par les voies ordinaires. #PutchARépétition

Bush ayant profité d’une forme d’alignement derrière lui, il avait les mains relativement libres. Il avait, de fait, une forme d’unité de la nation pour lui.

Ce que Macron essaye encore et encore de reproduire. En vain.

Et Bush fait du Bush. Au lieu « d’assurer la sécurité, il l’achète au prix du marché. » (N.Klein.)

Il monte un comité d’experts, qui deviendra une branche à part entière du Pentagone, la Defense Venture Catalyst Initiative.

Le DeVenCI, regroupe des experts de la Tech et de l’investissement. Sa fonction : « Aider le gvt à trouver des solutions technologiques dans sa guerre contre le terrorisme. »

(Vous la voyez arriver la #FrenchTech?)

En gros, le gouvernement a des besoins. Il se garde bien d’y subvenir lui-même : Il les exprime au monde de l’entreprise. Et le monde de l’entreprise lui vend des solutions. Les solutions sont financées, deviennent des « morceaux » de l’État (mais privés) et alimentent l’innovation, la compétition,…

L’innovation du secteur de la guerre est financée par l’état et donc le contribuable. Les bénéfices, étant, eux, privatisés, of course…

Naissent alors des organisme « coquilles vides » dont une part conséquente des budgets vont à des entrepreneurs privés pour en assurer les fonctions. (Par ex 70 % du budget du CIFA, Counterintelligence Field Activity.)

Parallèlement, entre 2001 et 2005, la proportion de contrats d’état précédés d’appels d’offres ouverts chute de 79 à 48 %.

Vous avez dit copinage ou corruption ?

La guerre contre le terrorisme est devenu un marché public, les appels d’offre en moins. Tout comme celle contre le virus peut le devenir.

L’application #StopCovid en est un début d’exemple.

Confiée à l’Inria, l’institut national de recherche en informatique et en automatique, celui-ci ne fait qu’en gérer le « pilotage ». A la prestation, on trouve Dassault, CapGemini, Orange, et j’en passe…

En somme, la préparation de 2030 par Macron, ça pourrait être l’état qui ouvre des ports pour que viennent s’y amarrer les cargos du privé, qu’il paye (!) pour cela. On marche sur la tête…

Education, armées, justice, outre le médical, les domaines d’application de la méthode sont vastes et les profits, pris sur un acteur qui a une raison permanente de s’endetter, colossaux.

Mais l’important, c’est la santé, n’est-ce pas ?

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