Cendrillon 2.0, le conte de la com’ LREM en direction des jeunes.

Une interview pas comme les autres à Matignon !

Une interview pas comme les autres à Matignon !

Publiée par Édouard Philippe sur Dimanche 4 février 2018

 

L’approche est intéressante. On commence à reconnaître un modèle de com’ du Gouvernement En Marche. La recherche de viralité est évidente, et légitime. Les formats, courts et à montage nerveux sont dans l’air du temps. Mais en dehors des capsules face caméra, on trouve ce genre de vidéos…

Des vidéo des gouvernants LREM en contact avec ce qui semble être le commun des mortels sur lesquels tombent par chance et audace, les lumières dorées de ces palais pas si lointains. Cendrillon 2.0

Il s’en dégage un certain côté “Cool”. Qui n’a pas envie d’avoir un Premier ministre accessible? Qui ne veut pas voir des jeunes réussir et Cendrillon aller au bal? Mais l’histoire est toujours la même et peut poser question. Quitte à passer pour un grincheux.

Il y a une partie assumée par LREM que l’on peut partager ou trouver idéologiquement douteuse. L’idée que « La chance sourit aux audacieux. » (« On va essayer. On a envoyé une lettre.» Faites un voeu à votre marraine la fée.). Une idée dont se berce le milieu entrepreneurial et qui est aussi vrai que l’inverse, ce qu’on appelle en métamodèle, une phrase dont la performativité est perdue : Elle est aussi pertinente que « Le lundi, c’est ravioli. » Au delà de la blague, il y a quand même un souci là dedans. La chance, le fait du hasard, du bon réseau, du Prince, de la Marraine, de la bonne naissance, est le contraire de l’égalité. Que les tenant de la « Chance » appellent « égalitarisme fou » quand il s’agit de compenser ces différences, autrement appelées privilèges.

La partie moins assumée par LREM est à l’opposée de cette première idée, et il faut la lire entre les lignes. Ces lycéens, tout comme la jeune Maha « opportunément » croisée à Clermont-Ferrand et embarquée en Tunisie dans le carrosse volant présidentiel, ne sont pas là par chance. Il y a peu de hasard à leur présence…. Ces 3 garçons viennent du Sud-Ouest Parisien, Clamart (Droite-Modem). Pas Neuilly (Droite à perles, la marâtre), pas St-Denis (Gauche popu, les souris et autres petits oiseaux). Et tout comme Maha avait déjà croisé plusieurs fois le préfet avant la « Rencontre au hasard », on peut imaginer que ces jeunes, vétus comme ils le sont (Pas de marque, baskets blanches, trench coat, lunettes cerclées, smartphone,…) ont été soit relookés d’un coup de baguette de com’, soit sélectionnés avec attention et je ne serai pas étonné qu’ils fassent partie d’une branche « jeunes » de LREM.
Et le discours de « Tout le monde a sa chance » ne tient plus très longtemps…
« La chance sourit aux audacieux » à condition d’avoir les bons habits, le bon réseau et de poser les bonnes questions. Le fait du Prince, on disait ?

Dès lors l’entrevue en elle-même est anecdotique. La place laissée aux questions dans la vidéo est indicative. La moitié du temps, une minute max, et au-delà de 30 secondes après le début, soit quand la quantité de visionneurs a déjà grandement baissé. Les 2 (!) questions sont calibrées pour l’actualité et les réponses aux questions à visée de pure perfusion. « C’est beaucoup plus malin de faire comme on fait parce que ><argument ne reposant sur aucune source>< » « Un premier ministre c’est ><Opinion>< » Et quand bien même des questions gênantes seraient posées, le montage final revient au premier ministre, dont on passe les 30 dernières secondes à dire à quel point c’est un chic type. Ce n’est pas Elise Lucet qui a du souci à se faire mais Laurent Delahousse. Et dans le bal au château, c’est le Prince qui mène la danse.

Mention spéciale au décor « Proue de bateau » (Qui va bien avec le « En avant ! ») et « Ancre en pierre», tableau « négligemment posé contre le mur à hauteur de captation vidéo” qui vous rappelle que le PM est ancien maire du Havre. On pourrait entendre “Malgré son ascension, il n’oublie pas pas ses origines.”

En voyant le chapeau de marin dans une vidéo manifestement à destination des jeunes, je me suis demandé si ça pouvait avoir un lien avec le fait qu’en ce moment le Ministère des Armées mène une campagne particulière de recrutement pour la Marine. Je ne veux pas faire de corrélation abusive et je reste dans la supposition. Je me pose la question dans la mesure où la seule métaphore employée par E.Philippe est celle de la tour de contrôle dans une réponse archi-vide à une question sur un bouclier, avec un plan sur un boxeur (Titre « Greatest of all » ..!) et un autre sur un chapeau de militaire de la marine. Cela fait 4 incidences dans le champs lexical et visuel guerrier dans une portion de 13 secondes de vidéo… Ça paraît beaucoup. Surtout dans une vidéo qui malgré, le tremblement de l’image, est,en fait, très travaillée.

Des éléments de forme qui laissent penser à du « casual », une légèreté simple, en opposition avec des éléments de fond idéologique rodés, des personnages aux caractéristiques bien tracées, le conte de fée de la com’ LREM en direction des jeunes dit en surface « Saisi ta chance! » mais se répond en écho à lui-même « Oui, une chance soigneusement orchestrée.» Après minuit, comme dans le conte, il est bien possible que la pantoufle de vair n’aille au pied que de bien peu…

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