Corrélation n’est pas causalité

On ne le dira jamais assez 2 phénomènes peuvent être liés sans pour autant que l’un engendre l’autre.

On utilise souvent une fourchettes en même temps qu’un couteau mais il serait faux de dire que l’usage d’une fourchette pousse à utiliser un couteau. Les 2 sont liés (par le fait qu’on les utilise au cours du même évènement) mais l’un ne cause pas l’autre.

Mais la presse à sensation ADORE trouver les causes à effet les plus vendeurs. Le dernier en date est titré ainsi :

Pour décrocher un prix Nobel, mangez du chocolat.

INSOLITE – Une étude scientifique affirme que la consommation de chocolat est liée au nombre de prix Nobel dans un pays…

Le chocolat a décidément des vertus insoupçonnées. Selon une étude américaine, les pays dans lesquels la consommation de chocolat est la plus importante sont aussi ceux qui enregistrent le plus grand nombre de prix Nobel. Le cacao pourrait doper les capacités mentales et favoriser l’apparition de petits génies de la physique, de la chimie ou de l’économie.

L’Université de Columbia s’est basée sur la moyenne de consommation de chocolat dans 23 pays, et non sur la consommation personnelle des lauréats du Nobel. «À ma connaissance, il n’existe pas de données disponibles mesurant les fonctions mentales de toute une nation. On peut donc concevoir que le nombre total de Nobel par tête pourrait donner une certaine idée des fonctions cognitives d’ensemble d’un pays», explique le Dr Franz Messerli, qui a dirigé l’étude.

La Suède, cette exception

Les scientifiques ont pu ainsi observer une corrélation positive entre la consommation de chocolat et le nombre de prix Nobel pour 10 millions d’habitants. Ainsi, alors que la France, l’Allemagne et les Etats-Unis se situent dans une moyenne chocolat/Nobel honorable, la Chine, le Japon et le Brésil ont montré à la fois une plus faible gourmandise et un plus petit nombre de prix. Seule exception, la Suède, dont les habitants ne consomment «que» 6,4 kilos de chocolat par an et qui compte 32 Nobel alors que les calculs des chercheurs lui en attribuaient seulement 14. Du favoritisme de la part du comité Nobel, ont conclu les scientifiques.

Cette corrélation, bien qu’un peu hasardeuse, soulève à nouveau la question des vertus du chocolat: les flavonoïdes  qu’il contient pourraient avoir un effet positif sur les fonctions mentales. Mais de nombreux autres paramètres pourraient entrer en ligne de compte: le niveau de vie, en particulier. Plus il est élevé, plus on a accès à l’éducation… et au chocolat.

C’est à l’ étude scientifique (En était-ce bien une d’ailleurs…?) qu’en revient la faute ce coup-ci. Et – l’honneur est sauf- le journal pointe l’incohérence, dans le dernier paragraphe et non sans s’être longuement épandue sur le “résultat” et “l’étude”. Et c’est seulement à la dernière ligne qu’apparait la vraie corrélation non causale et encore, mise au conditionnel…  Alors pourquoi ne pas plutôt parler de la différence entre corrélation et causalité? Pourquoi faire un article sur un résultat que l’on sait faux? Parce que ça vend beaucoup plus. Et tant pis si c’est faux. Ce n’est pas du journalisme, c’est du racolage, de la pire espèce.

Et pour le plaisir voici un autre “cause à effet” implicite… Un (faux) graphe présentant (mal) le nombre de meurtres ainsi que l’usage d’Internet Explorer, aux US, en fonction du temps. Rien n’est dit mais on suppose bien l’auteur aura facétieusement trouvé la cause et l’effet…internet-explorer

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